Tenir le filin pour enserrer la peur, s’arroger le droit du justicier, jongler avec la joie pour y démesurer la vengeance, enlacer la vague pour y boire le feu des destructions, battre le fer sur la peau des tumeurs, dénier au temps le geste de l’apaisement, briser, oui, briser la vie des déportés…
Sur la tempe des jugements, le canon tiède se souvient
Du frisson de la chute, du claquement des mains
Toi, anonyme, tu poursuis le fantôme qui flirte avec la mort
Tu sépares le pistil de son grain et tu rêves obstinément aux cèdres domptés. Depuis Alep ou Juárez, depuis Mycènes ou Sabra, depuis l’ami perdu du Rwanda ou le naufrage des négriers
Depuis Beyrouth ou bien Gaza, dans le miroir des ablations
Depuis la lance des émeutiers, depuis l’écho des marins de l’enclume, depuis le gouffre des charniers, humer l’odeur des résines, happer le collier des éphémérides, et lisser en terreau le gouffre des coraux